Qu’est-ce qu’un budget communal ?

Avant d’entrer dans le vif du sujet, rappelons ce qu’est un budget municipal. Il s’agit du document de référence qui prévoit déjà, pour une année donnée, toutes les recettes et dépenses de la commune. En d’autres termes, il fixe les moyens financiers et les priorités du village. Sans budget, impossible de faire fonctionner les écoles, de rénover les routes, ou encore de financer la traditionnelle fête patronale !

Un budget municipal se divise en deux parties :

  • La section de fonctionnement : elle regroupe toutes les dépenses nécessaires au quotidien de la commune (salaires des personnels, entretien des bâtiments, énergie, etc.) et les recettes dites “certaines” (taxes locales, dotations de l’État, etc.).
  • La section d’investissement : elle est dédiée aux projets plus ambitieux comme la construction d’un nouvel équipement ou la restauration du patrimoine.

Chaque euro est compté, particulièrement dans les petites communes où la taille du budget n’a souvent rien de comparable à celle des grandes agglomérations.

Qui élabore et propose le budget ?

Dans les petites communes, le maire et son équipe jouent un rôle central dans la préparation budgétaire. C’est un travail qui débute dès l’automne. En effet, la municipalité réalise un état des lieux des comptes : combien reste-t-il des recettes de l’année en cours ? Quels travaux sont en cours ? Quels besoins les habitants ont-ils exprimés ? C’est à partir de ces données que le budget prévisionnel commence à se dessiner.

Les échanges entre le maire, les adjoints et parfois des conseillers municipaux spécifiques sont cruciaux à cette étape. Dans une commune comme Villiers-en-Lieu, cette préparation peut demander des semaines d’allers-retours entre brainstorming et calculs précis. Et c’est précisément là que l’expérience entre en jeu : savoir où prioriser les fonds limités est souvent tout un art.

Le rôle crucial du conseil municipal

Une fois le budget préparé par l’équipe municipale, place au vote en conseil municipal. Dans toutes les communes françaises, qu’elles comptent dix ou dix mille habitants, c’est le conseil qui a le dernier mot.

Ce moment de débat, que certains trouvent aride et d’autres captivant, est encadré par des règles strictes :

  • Le projet de budget doit être communiqué aux conseillers municipaux au moins 5 jours avant la séance de vote.
  • Il est présenté par le maire ou l’adjoint aux finances.
  • Des discussions peuvent avoir lieu, et les conseillers ont la possibilité de proposer des modifications.

L’adoption se fait ensuite à la majorité. Une ambiance bon enfant ou plus animée selon les enjeux ! À noter qu’il est rare que des budgets soient rejetés dans les petites communes, car leur élaboration repose souvent sur un consensus implicite. Nous sommes dans des territoires où la solidarité prime.

Les spécificités des petites communes haut-marnaises

Et en Haute-Marne, comment cela se passe-t-il concrètement ? Eh bien, il existe quelques particularités. Tout d’abord, beaucoup de petites communes n’ont pas les moyens d’avoir un service financier dédié. Cela signifie que le maire et le secrétaire de mairie portent une lourde responsabilité, cumulant conseils et techniques pour finaliser le budget.

Ensuite, les dotations de l’État jouent un rôle particulièrement important. En 2023, les communes rurales ont reçu en moyenne environ 160 € par habitant via la "dotation globale de fonctionnement" (DGF). Ce coup de pouce est bienvenu, mais ne couvre pas tout. C’est pourquoi certaines collectivités organisent des réunions publiques pour sensibiliser la population à ces questions budgétaires. À Bettancourt-la-Ferrée, par exemple, il n’est pas rare qu’habitants et élus se retrouvent pour débattre des priorités avant le vote final.

Quels sont les grands défis du vote budgétaire ?

Élaborer un budget, c’est jongler avec plusieurs contraintes :

  1. Les ressources limitées : les recettes de ces communes proviennent principalement des taxes locales (taxes foncières, d’habitation) et des subventions, mais elles ne progressent pas toujours au rythme des besoins.
  2. Les attentes des habitants : elles varient d’un village à l’autre. Dans certaines communes, la priorité est de maintenir l’école ouverte ; ailleurs, on privilégie la sauvegarde du patrimoine.
  3. Les imprévus : une panne de chaudière dans la mairie ou des intempéries peuvent modifier un budget en cours d’année, forçant à des arbitrages parfois difficiles.

Ces réalités rappellent que voter un budget n’est pas qu’un exercice administratif. C’est la vie du territoire, sa vision d’avenir, qui se joue en filigrane.

Et après le vote ?

Une fois le budget adopté, le travail ne s’arrête pas là. Il faut mettre en œuvre les projets validés, suivre les dépenses, et parfois ajuster en cours d’année. C’est ce qu’on appelle les décisions budgétaires modificatives. De petits conseils locaux où l’on s’assure de ne pas dévier du cap initial.

Par ailleurs, les maires doivent rendre des comptes. À la fin de l’année, un compte administratif est présenté pour montrer en détail où sont passés les fonds. Un exercice de transparence indispensable pour maintenir la confiance des citoyens.

Le vote budgétaire : une occasion de citoyenneté

Si le sujet peut sembler lointain ou technique, il est en réalité profondément démocratique. Et pourquoi ne pas y participer ? Même si vous n’êtes pas élu, les séances du conseil municipal sont, par défaut, publiques. Elles peuvent être une excellente occasion de mieux comprendre les enjeux du quotidien dans nos villages ou de poser des questions aux élus.

Dans les petites communes de Haute-Marne, ce rapport direct entre habitants et élus reste une force. Et, à travers ces débats budgétaires, c’est tout l’avenir de nos villages qui se dessine.

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